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sardines à l'huile
15 octobre 2008

Fac Back

Pas un seul de nos trajets sans que la voix ne scande cette ritournelle que Loulou s’amuse maintenant à anticiper : « This is King’s Cross St Pancras. Exit here for the British Library ». Il aurait donc été difficile de ne pas savoir où elle était. Alors petit à petit l’idée a cheminé, et j’ai eu très envie de sortir, là, pour visiter cette Bibliothèque…
Un bâtiment moderne, aéré, très fonctionnel, qui rayonne autour d’une impressionnante cage de verre recueillant, sur 17 mètres de hauteur, la bibliothèque du roi George. Et puis dans une pièce sombre, de jolis manuscrits : Jane Austen raturait très proprement et recollait de petits papiers quand elle changeait des paragraphes entiers, Charlotte Brontë a couché sa 762ème page de Jane Eyre de façon très appliquée, sans retoucher le moindre mot, Thomas Hardy, lui, était plus "brouillon" ; des partitions aussi, Purcell, Mozart, et Beethoven qui faisait de gros pâtés disgracieux sur ses délicates portées ; la première édition des œuvres de Shakespeare juste à côté de la dernière lettre de Thomas More à Henri VIII. « I am your true bedeman now and ever have bene and will be till I die » écrit-il à son cruel bourreau... et puis des études de Léonard de Vinci, de vieilles Bibles, de vieilles cartes mais celles-là, elles m’intéressaient moins…
Alors, je me suis posée avec un thé et j’ai regardé les gens à travers ces lunettes que désormais je ne mets que rarement et qui ont joué un rôle de madeleine. De façon inattendue, mes années Fac me sont revenues… des années heureuses d’insouciantes rêveries. Il n’y avait pas de clopes, pas de parvis où résonnent les djembes, pas de diabolo, peut-être même pas d’étudiants, remplacés de toutes parts par des adultes sérieux aux bouts desquels avaient poussé des ordinateurs portables mais il y avait des livres, une caféteria, une atmosphère si particulière, vibrante de concentration… J’ai fini mon thé, comme à la Fac, et je suis partie, croisant mon reflet dans cette grande cage de verre… tout y était comme avant: les lunettes, le sac en bandoulière, le crayon acheté à l’entrée et qui avait naturellement trouvé sa place dans mes cheveux, les lunettes que j’avais piochées tout au fond du sac à langer… alors, toujours dans le reflet, j’ai vu la poussette devant moi, le bébé endormi... et juste avant de quitter les lieux, je me suis dit que, tous comptes faits, j’aimais bien celle que j’étais devenue.

Si vous voulez partir sur les traces du lapin blanc... il vous suffit de tourner les pages de Lewis Carroll... plein d'autres trésors à découvrir en se promenant sur ce site très riche...

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Commentaires
V
j'espère que u vas bien, je n'ai pas de news.....suis inquiète, désolée suis une mère poule avec tous les gens que j'aime...
S
C'est bien de t'aimer!! c'est important...pour le regard de tes enfants qu'ils auront de toi, plus tard...pour que ton coeur reste beau comme celle que tu étais et celle que tu es surement maintenant...bises à toi.
C
Bon... plus rien à dire après avoir lu les mots de ta maman... Si, juste l'espoir de pouvoir écrire ceux-là, un jour...
M
J'aimerais encore avoir ma maman et qu'elle m'écrive un mot pareil. Elle est partie avant de pouvoir me dire qu'elle aussi, elle aimait la femme que j'étais devenue. Et j'aurais moi aussi aimé lui dire que si j'aime celle que je suis devenue c'est aussi grâce à elle.
M
Audrey, t'es trop forte
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