beau comme un oeuf...
Dans le métro bondé, en fin d'après midi, il y avait un garçon, un peu insignifiant, qui tenait dans ses mains une boîte d'oeufs. Neuf oeufs, attachés avec deux élastiques grenat dans leurs alvéoles grises. Un sac à ses pieds, il avait choisi de protéger la boîte dans ses mains, et il amortissait de ses bras, de ses jambes les chocs du trajet pour garder intacte sa promesse de mouillettes beurrées. Je l'ai mieux regardé et je lui ai trouvé un air gourmand de petit garçon maladroit, un côté décalé parmi les gens les plus décalés qu'on peut trouver dans un métro londonien. J'ai voulu lui demander d'où il rapportait ses oeufs, qui les lui avait donnés, ce qu'il allait en faire, d'où il venait, lui, parce que personne ne vient vraiment de Londres, surtout pas avec une boîte d'oeufs frais dans les mains! Je le regardais en souriant, en comprimant parfois un petit rire, j'avais envie de lui dire à quel point j'étais heureuse de voir un homme tenir une boîte d'oeufs dans un métro, mais je suis sortie toute légère, sans un dernier regard vers lui, avec mes enfants, mes sacs et ma poussette, à Holborn, où on était attendus...
Je recycle des textes qui trainent dans mes brouillons et j'inaugure une nouvelle catégorie "portraits". A suivre le mannequin glacé assise à côté de nous, hier, dans notre vol de retour sur Londres... J'espère que vous avez bien chaud sous le ciel de vos vacances ensoleillées...